« Room » – Emma Donoghue

Comme beaucoup c‘est lors de la sortie du film, que je me suis intéressée au livre. Captivée par cette histoire, j’ai préféré me procurer le roman en premier. C’est donc avec une curiosité presque malsaine que j’ai débuté ma lecture.

Ce texte est fort et d’entrée on comprend l’envergure du décor. Tiré d’un fait divers, une jeune femme est gardée en captivité dans une cabane de 3m2 pendant des années. Elle y élève son fils, sa lumière, la seule joie de sa vie. C’est à travers les yeux de l’enfant que l’on nous conte ce récit. Dans cette petite pièce, tout a été fait pour que l’enfant puisse s’y épanouir, allant même jusqu’à cacher la vérité à son fils sur le monde extérieur.

Très vite, on comprend que ce texte va nous parler de la relation de la mère à l’enfant. Cette relation si forte qu’elle peut nous sauver. Dans ce texte, l’auteure démontre du lien qui va unir un enfant de 5 ans à sa mère et ce par delà les murs de cette petite pièce. Comme dans un autre monde on va voir le monde décortiqué par un enfant. C’est donc avec des réflexions enfantines que l’on découvre avec lui le ciel, les voitures, les autres gens (les gentils et les méchants). C’est rafraîchissant !

Ce roman est indéniablement une belle lecture, elle se construit tout en douceur et pourtant elle nous parle d’un drame épouvantable. On est plongé dans ce quotidien, comme si c’était nous qui étions dans cette petite cabane. On essaye de comprendre une femme, une mère, comprendre ses choix et ses possibilités, bien qu’elles soient limitées. Dans ce texte, on nous pousse la réflexion sur les étapes d’un développement naturel, ce que la société juge « normal » et la réalité d’une mère qui n’a que peu de possibilités.

Avec poésie, l’auteure parvient à nous toucher en tant que femme, que mère ou en appelant à l’enfant qui demeure toujours en nous. On est amené à ressentir la relation d’amour qui unit ces deux personnages, on perçoit la peur de l’inconnue pour un enfant qui découvre un monde neuf. On sent le poids des reproches d’une société qui ne fait que rendre une situation bien plus compliquée. A la fin de cette lecture, vous serez touché par le courage de ce petit bonhomme, cet enfant qui à l’image de sa mère, fera tout pour la protéger.

Un beau roman sur le développement de chacun et sur la construction personnel ainsi qu’un rapport mère à l’enfant puissant et inversé. On aime suivre cette histoire par les yeux de l’enfant pour changer. Un texte puissant et doux qui nous met face à nos questions, celle qui resteront sans réponses.

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*Pour aller plus loin, voici l’histoire : Jack fête ses cinq ans dans la chambre qu’il habite avec sa mère depuis sa naissance et dont il ne sort jamais. Il y a Madame Porte, Monsieur Tapis, Madame Table et Monsieur Lit, tous les éléments du quotidien enfin, qui deviennent des compagnons d’isolement. Il y a aussi Grand méchant Nick, celui qui apporte les cadeaux du dimanche et qui tient mère et enfant enfermés ; et Dent Malade, qui fait souffrir Ma. Le point de vue de l’enfant tient tout le roman et lui confère une grande force affective autant qu’une dureté troublante. Room est le septième roman de l’auteure irlandaise, mais seulement le deuxième traduit en français. Il s’inspire d’un fait divers, mais dépasse largement la logique de compte-rendu, grâce à une écriture incarnée et une belle confiance laissée à ce petit garçon, dont le point de vue, à la fois naïf et lucide, donne au roman une douceur tragique.