Rentrée littéraire : « Vera Kaplan » – Laurent Sagalovitsh

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Ce roman est mon deuxième coup de cœur de cette rentrée littéraire. Pour rappelle le premier fut le merveilleux « Station eleven » de Emily St. John Mandel (que vous pouvez retrouver ici). Ainsi dans ce texte, vous allez débuter les premières pages et croyez le ou non, vous ne pourrez plus le refermer avant de l’avoir terminé.

On commence à se connaître vous et moi, et bien trop souvent je suis déçue par les textes qui traitent de la seconde Guerre Mondiale. Cet événement fait partie des passages les plus tragiques de notre histoire sans que l’on l’incombe de niaiserie et autre mélodrame. En résumé, je suis rarement satisfaite lorsque je plonge dans ces textes et j’essaye de trouver des livres qui nous décrivent autrement cette période.

L’auteur va ici faire le choix de nous parler d’un événement plus méconnu de cette histoire. Tiré de son propre récit familial il va nous présenter sa grand-mère. Une jeune femme juive forcée de dénoncer d’autres juifs pour pouvoir survivre. L’auteur nous fait pénétrer cette intimité en passant par la réflexion de cette jeune femme. Comment devient-on un monstre ? Où la frontière entre devoir et horreur se matérialise-t-elle ?

On suit cette femme forcée, obligée à dénoncer. A se transformer en un être qui n’a plus d’âme. Qui ne réalise plus ce qui va lui arriver et persuadée de faire un choix, le bon ? Ce texte se lit très bien et on ouvre la réflexion. Car on apprécie cette jeune femme, on se lie avec elle, on aimerait qu’elle survive, on aimerait croire qu’elle a eu raison. Mais bien sûr comment savoir ce que l’on ferait, qui l’on deviendrait dans des moments aussi intenses, aussi durs et aussi complexes.

L’auteur joue avec nous, car en nous relatant l’histoire de sa famille on se questionne. A-t-elle eu vraiment le choix ? Comment devient-on tout ce qui nous rebute ? Par amour, pour survivre ? Sans jamais tomber dans la mièvrerie, cette jeune femme apporte une réflexion posée sur sa situation. Elle cri intérieurement et c’est cet appel qui nous transperce en plein cœur.

J’ai adoré ce texte qui nous fait passer par tellement de sentiment. On se projette, on se déteste d’apprécier cette jeune femme, on l’a croit, on l’a rejette. En résumé, on se perd dans ce roman qui sera nous submerger par tant de passion. Au cœur d’une guerre qui a détruit tant de vie, la réelle interrogation est de savoir ce que l’on aurait pu faire à sa place. Peut être mieux, mais peut être bien pire … A méditer !

***

*Pour aller plus loin, voici l’histoire : Après la mort de sa mère, un homme reçoit à Tel Aviv une lettre en provenance d’Allemagne adressée à la défunte. L’expéditeur, un notaire, se réjouit d’avoir retrouvé la fille de sa cliente, Vera Kaplan. Il joint au courrier son testament et un récit de guerre, qui décrit sans complaisance cette femme, juive berlinoise prête à tout pour rester en vie. Inspiré de l’histoire de Stella Goldschlag.

10 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Mistinguette dit :

    Une des mes très bonnes lectures de la rentrée littéraire également ! 🙂

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    1. Je comprends, j’ai adoré le ton de ce roman !

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    1. Une lecture courte et intense !

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      1. Alors encore plus tentant 😉

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  2. Dumont dit :

    une gentille petite fée littéraire m’ayant acheté ce livre, je m’y suis plongée, presque happée par cette histoire peu singulière d’une juive dénonçant d’autres juifs pendant la 2ème guerre mondiale. Enfin on sort d’un manichéisme courant après guerre, les bons d’un côté et les méchants de l’autre; non tout n’est pas si simple ans la vie, non tout n’est pas noir ou blanc ; un petit bijou à lire vite.

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    1. J’aimerais bien avoir une fée littéraire aussi attentionnée ^^ !
      Je suis bien d’accord avec cette analyse. Un livre à découvrir !

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