« L’envers et l’endroit » – Albert Camus

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Je parle souvent de mes auteurs préférés, mais il y a « le » préféré. Celui qui m’a conquise à l’adolescence, celui qui m’a permis d’aller plus loin dans ma recherche de la lecture. Pour moi se fut Albert Camus. Découvert dans ma jeunesse, j’ai aimé cette plume, j’ai aimé ce ton si lointain et plein de vie. Je me suis reconnue dans ses thèmes.

Ici c’est à travers l’un de ses essais que je reviens vous en parler. Mais pas n’importe lequel puisqu’il s‘agit de son premier recueil d’essai. Albert Camus nous livre son premier texte qui comporte ses premiers écrits. Tout juste âgé d’une vingtaine d’années, Camus nous livre une œuvre remarquable. On y retrouve les thèmes qui lui sont chers : le rejet, la mort, le vieillissement, l’isolement, la solitude, le besoin de tout quitter tout en demeurant seul pour le faire. Des thèmes qui le suivront toute sa vie et qu’il aborde déjà ici avec tout son talent.

Dans ces tranches de vies, il puise déjà dans son passé comme dans ce qu’il remarque autour de lui. Penseur universel et observateur de la vie, nous en ressortons que plus touché par ces quelques moments de vie qui nous attristent. Cela nous fait réaliser que notre passage sur terre n’est qu’éphémère et qu’il s’étirera vers des moments de solitudes riches et tristes à la fois.

Chez Camus, je me suis toujours retrouvée dans ce qu’il écrit et surtout de quelle manière il nous le livre. Les thèmes liés à la mort et à l’isolement sont universels et de nombreux auteurs nous en livre des versions toutes plus tragique les unes que les autres. Chez Albert Camus, j’y retrouve également une grâce et une nonchalance que j’apprécie d’autant plus. Il semble nous rejeter, puis nous attirer à lui ; le tout sans même sembler le réaliser.

Dans ses textes j’apprécie la manière dont il les expose : avec une façon de faire qui semble mettre une grande distance entre lui et nous. Et pourtant ses réflexions et ses tranches de vies pourraient nous correspondre, elles pourraient parler de nos parcours et nous appartenir. Dans la beauté de ses écrits on ressent cette forme de rejet qu’il instaure pour ne pas nous laisser approcher. J’ai toujours aimé Camus pour cette dualité qu’il m’inspire. Une brutalité et un éloignement certain, face à toute cette proximité. Je réalise l’irrationalité de mes propos mais que dire : je l’aime comme cela !

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*Pour aller plus loin, voici l’histoire : Les essais qui sont réunis dans ce volume ont été écrits en 1935 et 1936, lorsque Camus avait vingt-deux ans. On a pu dire que ce petit livre contient ce que Camus a écrit de meilleur. Dans une importante préface qui date de 1958, Albert Camus situe ces essais dans la structure générale de son œuvre et il conclut que, « si j’ai beaucoup marché depuis ce livre, je n’ai pas tellement progressé « . On trouve, en effet, tous les thèmes majeurs de l’œuvre de Camus dans ces premières pages qu’il a écrites.

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