Rentrée littéraire : « De profundis » – Emmanuelle Pirotte

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Dans cette lecture, c’est la mixité des genres qui en ressort. On apprécie les différentes étapes de ce roman. On passe de l’une à l’autre, sans préambule, rapidement et de manière définitive. Cette lecture m’a beaucoup plu, autant dans sa construction que dans le sujet abordé. Une descente en enfers dans une société à l’agonie.

L’auteure est scénariste et tout au long de ce récit, on perçoit cette facette. Ce roman a été découpé, comme animé par une volonté d’enchaîner les scènes. Cela fonctionne. On tourne les pages, et chaque scène nous saute aux yeux, on en apprécie que plus ce ton très saccadé. On ne va pas s’emprisonner dans des tirades trop longues, dans des réflexions psychologiques trop poussées. Ce style est à l’image du sujet qui l’occupe, noir, froid et dévasté.

On va de genre littéraire en genre littéraire. Très touche à tout, l’auteure va nous donner un texte aux allures de film. On se plait dans ce drame, dans ce monde détruit où tout s’effondre. Là où une jeune femme tente de survivre pour elle, mais surtout pour sa fille. Comme deux inconnues elles essayent de former un tout. Dans ce récit tout est lourd et oppressant. Les non-dits sont omniprésents et rajoutent au malaise de cette lecture. On aime ce texte car il ne se veut pas plus que ce qu’il est. L’écriture est simple sans fioriture, on ne part pas dans des digressions non maîtrisées. Tout ici est utilisé pour que cela fonctionne et bingo, je me suis laissée prendre au jeu.

Dans ce récit sur fond de fin du monde, on entreprend une quête de survit. On passe d’une ville dévastée par Ebola, où les gangs font leurs lois, ou les sectes et autres fanatiques tentent de tirer leurs aiguilles du jeu en provoquant de nouvelles tortures. Puis on part s’isoler dans une campagne perdue, mais l’horreur demeure. Tout le monde se connait et personne ne se fait confiance. C’est dans cette atmosphère qu’une mère et sa fille, qu’elle ne connait pas, vont essayer de survivre. L’auteure va nous emmener dans des chemins de travers, du fantastique à l’horreur, de l’espoir au drame. On se plait dans un voyage des genres, un voyage des sens.

C’est à travers nos deux héroïnes que l’on parcourt cette histoire. On nous présente une femme qui vit avec un mal être récurent et profond. Une fille qui préfère être dans la réflexion que la parole. En résumé des personnages tourmentés et attachants dans une mise en scène noire et étouffante. Une lecture simple qui se lit avec plaisir et nous laisse avec une noirceur dans l’âme.

***

*Pour aller plus loin, voici l’histoire : Dans un monde à la dérive, une femme en fuite, une fillette murée dans le silence, et une ancienne demeure habitée d’un secret.
Bruxelles, dans un avenir proche. Ebola III a plongé l’Europe dans le chaos : hôpitaux débordés, électricité rationnée, fanatismes exacerbés. Roxanne survit grâce au trafic de médicaments et pense à suivre le mouvement général : s’ôter joyeusement la vie. Mais son ex-mari succombe au virus, lui laissant Stella, une fillette étrange dont elle ne s’est jamais occupée. Quand une bande de pillards assassine sa voisine, Roxanne part pour un hameau oublié, où l’attend une ancienne maison de famille. La mère et la fille pourront-elles s’adapter à ce mode de vie ancestral et à cette existence de recluses ?

3 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Pikobooks dit :

    J’avoue être restée assez hermétique à ce roman. J’ai apprécié l’écriture franche du collier mais il y a beaucoup de détails qui m’ont dérangée (ce qui en soit en fait un bon livre, oui).
    Bref, pas la lecture du siècle pour moi mais sans doute un roman atypique qui mérite qu’on en parle ! 🙂

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    1. Je suis bien d’accord avec toi, ce n’est pas la lecture du siècle, il y a de nombreuses erreurs. Mais j’ai aimé la manière dont elle aborde les différents gente littéraire. Un roman qu’il faut mettre en avant !

      Aimé par 1 personne

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