« Les braises » – Sandor Marai

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Dans ce deuxième texte c’est avec une boule au ventre que je referme ma lecture. C’est une claque qui vient de me parvenir. Il ne peut en être autrement, car je suis subjuguée par cet auteur. En lecture comme en relecture, cet auteur me touche toujours autant. Il fait partie de mes auteurs préférés et je vous invite à le découvrir. Si vous aimez la littérature d’Europe de l’Est, type Stefan Zweig ou Robert Musil, venez vous serez comblé !

Avec « les braises » l’auteur nous replonge dans les sujets qui lui sont chers. C’est à travers un dialogue entre deux vieillards que va se peindre notre sujet. Ces deux hommes, anciens amis, rivaux, puis éloignés l’un de l’autre pendant quarante et un ans. Petit à petit on découvre un passé inquiétant, des souvenirs difficiles qui refont surfaces. Sandor Marai nous parle de la guerre et de la part de  responsabilité de tous par rapport à celle-ci. Puis on va aborder l’amitié perdue, retrouvée, détruite, l’amitié infaillible et celle qui s’est effondré.

Dans ce texte on appréciera la monté en puissance de cette conversation. Car nos deux vieillards, anciens amis, vont se remémorer les causes de leur distance et dans un dialogue intense on parcourt ce retour dans le passé. On va mieux appréhender leur relation aux fils des pages. Cet auteur a ce don pour faire monter en puissance son sujet, afin d’amener à une fin explosive mais tout en retenu. Avec un talent remarquable il nous dresse le portrait très dur de la bourgeoisie hongroise. Ces responsabilités en société, son importance pour leur pays et toutes les contraintes que cela impose. Face à lui se dresse aussi le portrait d’une pauvreté plus présente. On découvre un gouffre entre ces deux personnalités, un abysse que l’on ne parvient pas à oublier pour simplement profiter de l’autre.

Sandor Marai possède cette écriture fluide et intense qui nous perd dans ces réflexions. On parcourt les pages, on est attristé, perdu et rempli de colère. On ressent tant de sentiments différents comme si la tragédie qui prenait place sous nos yeux nous touchait directement.

C’est avec talent que l’on découvre ces vies, ces hommes. On est bouleversé par cette tragédie, on a peur  de découvrir jusqu’où cela va aller. Où va se lever le mensonge, que va révéler la vérité ? Un soulagement, une libération ou la fin de tout. On ne peut l’anticiper, car chaque page nous présente une nouveauté, un nouvel élément qui sera peut être destructeur ou enfin libérateur.

***

*Pour aller plus loin, voici l’histoire : Dans un château de la campagne hongroise, Henri, un général de l’armée impériale à la retraite, attend la venue de Conrad, son ami de jeunesse et condisciple de l’école militaire. Cela fait 41 ans exactement qu’ils se sont perdus de vue, depuis cette partie de chasse au cours de laquelle Conrad a pointé son fusil vers Henri, avant de disparaître le lendemain, sans aucune explication. Pourquoi ce geste? Pourquoi ce long silence? Pourquoi la femme d’Henri, impliquée dans l’affaire, a-t-elle toujours refusé de parler? Aujourd’hui, après toutes ces années, les deux hommes vont enfin pouvoir s’expliquer. De cette confrontation dramatique, Sandor Marai a fait un beau roman qui renoue par son style avec la célèbre Conversation de Bolzano. Roman flamboyant de l’amitié et de l’amour, où les sentiments les plus violents couvent sous les cendres du passé, Les Braises est également un tableau de la monarchie austro-hongroise agonisante – celle que Joseph Roth a décrite dans La Marche de Radetzky.

3 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. lilylit dit :

    J’ai lu un roman de cet auteur, on me l’avait prêté. Je crois que ça s’appelait « Le premier amour ». Tu connais ?

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    1. Désolée, je viens de réaliser que je ne t’avais jamais répondu …. (Honte à moi ^^).
      Je n’ai pas lu celui dont tu parles, mais il attend bien au chaud dans ma PAL. Qu’en avais tu pensé ?

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      1. lilylit dit :

        J’avais plutôt bien aimé, mais je ne m’en rappelle pas précisément.

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