Focus On « Le poids des secrets » de Aki Shimazaki

Je viens de terminer la saga « le poids des secrets » de Aki Shimazaki et c’est encore sous son charme que je souhaite vous en parler. J’ai toujours ressenti au fond de moi un attrait particulier vers la culture japonaise. Autant pour la langue, leurs arts ou encore les paysages de cette île. C’est donc tout naturellement que je me tourne régulièrement vers des auteurs japonais. A mes yeux ils parviennent toujours à lier leurs traditions à la modernité de leur pays. La littérature japonaise est donc intimement liée à cette dualité. Les textes sont toujours très durs mais amenés par des plumes toutes en poésie.

Tome 1 : « Tsubaki »

tsubaki - Aki ShimazakiEn débutant cette saga, j’ai senti la joie m’envahir. Comme après une attente trop longue avant un événement heureux. Je savais que cette lecture allait m’apporter un moment de bonheur.

La littérature japonaise a cette facilité à nous parler des événements graves qui ont eu lieu dans leur pays, mais en y apportant la dose de douceur nécessaire pour apaiser les mots. Dans ce premier tome, on se retrouve plongé dans une famille qui a connu l’horreur de la guerre et les pertes liées à la bombe nucléaire. On nous retrace les villages dévastés, l’horreur, l’attente, la recherche des êtres chers, pour finir par la perte d’une ou de plusieurs connaissances. Dans les décombres de la guerre, cette famille a survécu et à su se construire à l’image de son pays qui a su se relever malgré tout cela.

Mais on nous présente une famille écorchée, rongée par des secrets familiaux qui pourraient bien tous les détruire de façon bien plus tragique que la guerre elle-même. Ce récit nous montre la réalité de cette guerre : de nombreuses vies innocentes détruites pour montrer la suprématie d’un pays. Tout perdre en si peu de temps, ne rien pouvoir sauver et devoir avancer coûte que coûte pour soi, sa famille, ses enfants et son pays.

On va rentrer dans les secrets de cette famille, tout en touchant à toutes les horreurs de cette guerre. Une mère de famille, a l’approche de la mort, tente de se libérer en révélant son lourd passé. Mais comment accepter tout cela ? Comment vivre après en connaissant cette vérité ? C’est avec la douceur de sa plume que l’auteure nous apporte une réflexion intelligente sur la place des secrets au sein d’une famille, sur l’importance de les révéler ou de les enterrer à tout jamais.

Je suis complètement subjuguée par la finesse de cette auteure. Ce roman révèle bien des mystères, entre romance et récit historique on nous dresse un japon dévasté qui tente de se remettre de tous ses morts. A travers cette saga familiale, on va commencer à se demander si des secrets ne peuvent pas être bien plus graves que la guerre.

Tome 2 : Hamaguri

hamaguri - Aki ShimazakiOn continue cette saga qui tout en douceur nous emmène un peu plus loin dans la recherche de soi. Ce deuxième volet se tourne plus vers les relations humaines. On va suivre un jeune homme Yukio qui toute sa vie cherche les réponses à ses questions : qui est son père, où est sa sœur ?

Ce récit nous montre l’importance de ses origines pour pouvoir se construire. C’est avec la même finesse, que l’auteure va nous peindre le parcours abrupt d’un jeune homme qui essaye de trouver sa place, entre les mensonges et les faux semblants de sa mère. Ici, Aki shimazaki s’attache à la place des mensonges dans la construction personnelle d’un enfant. Bercé d’illusions, le jeune homme ignore tout de son héritage paternel. Il essaye donc de prendre un chemin sans l’apport nécessaire qu’aurait dû lui donner un père ou une image paternel.

Ce second tome, nous offre une vision différente d’une même histoire. Deux enfants, deux amis, deux amants maudits, deux âmes perdues qui ignorent leurs liens de parenté.  C’est à cause de l’égoïsme des parents qui n’ont pas su voir ce qu’il se tramait juste devant leurs yeux, que l’on nous présente ce texte dur. Encore une fois, on retrouvera cette dualité qui cohabite au Japon. Ici une mère célibataire qui a eu un enfant en dehors du mariage voit sa vie anéantie à cause de la société. Rejetés, elle et son enfant, considérés comme des parias, une mère va tout tenter pour donner la chance à son fils, de lui donner un père et peut être une vie normale. Ici c’est l’abandon qui est à l’honneur, le rejet d’un père, le besoin de trouver ses origines pour un fils. Tout sera décortiqué pour que l’on puisse comprendre le parcours complexe de cet enfant.

L’auteure commence à apporter des bouts de réponses à toutes ces questions. Mais on nous embrouille encore, on parvient à tirer des conclusions, on imagine le reste. C’est avec sa plume délicate que Aki Shimazaki parvient à dévoiler ses secrets, les faux semblants se dévoilent pour laisser une vérité impitoyable.

Tome 3 : Tsubame

Tsubame - Aki ShimazakiDans ce  troisième tome, on va voyager dans le temps pour nous présenter les origines d’un secret. C’est donc en remontant dans le temps que l’on va nous présenter la vérité du passé. Les secrets traversent les générations, et c’est bien à cause d’une origine faussée que l’on pressent les problèmes à venir.

Un récit poignant sur les origines, leurs importances dans la construction personnelle de chacun. Ce roman, nous présente le mal que peut engendrer les secrets. Ici un mensonge réalisé pour sauver sa vie, va devenir le poids de toute une génération. Toujours porté par la plume délicate de Aki Shimazaki, on va nous parler des faits plus méconnus dans l’histoire japonaise. Avec le rapport Coréen/Japonais, se sont des milliers de coréens qui sont venus au Japon pour trouver un travail. Lors du tremblement de terre de 1923 qui a ravagé de nombreuses vies et paysages japonais, il a fallu trouver des coupables et la Corée fut toute désignée. C’est donc des milliers de coréens fusillés pour assouvir une vengeance, qui permettra d’entamer cette histoire.

Une fois de plus Aki Shimazaki arrive à nous expliquer ces événements méconnus et traumatisants dans l’histoire japonaise avec la finesse qui lui est due. Une fois de plus on est embusquée dans cette dualité entre horreur et douceur. On comprend les choix pris pour sauver leurs vies, mais leurs répercussions auraient pu être évitées.

Tous ces tomes s’emboîtent pour parvenir à nous présenter un puzzle terminé. Pour l’instant, on nous entraîne toujours plus loin dans la réflexion sur les origines, afin de comprendre les choix d’une famille. Tout faire pour se sauver, vivre coûte que coûte, même si pour cela on doit avoir un poids sur les épaules, une culpabilité si grande qu’elle continuera à nous ronger pendant les générations à venir.

Le ton est toujours aussi juste et c’est avec grâce que l’on poursuit ce voyage familiale inter générationnel. L’auteure ne nous dit pas tout, on se plait à combler les blancs, à réfléchir à l’après, à imaginer un futur pour tous ces personnages qui nous semblent si réels. On commence à les comprendre, à les aimer et on souhaite enfin démêler le cas de nœud.

Tome 4 : Wasurenagusa

wasurenagusa - Aki ShimazakiTome après tome, je tente de vous véhiculer la puissance de cette saga sans pour autant vous en révéler l’essence même du récit. Car c’est avec surprise que l’on doit découvrir « le poids des secrets ». Page après page, c’est la surprise croissante de l’histoire qui doit vous subjuguer.

A chaque livre, à chaque ligne, je tombe toujours un peu sous le charme de cette auteure. Ici c’est sous un nouvel point de vue que Aki shimazaki nous présente le même récit, avec encore plus de secrets au sein de cette saga familiale.

Kenji est un homme qui subit le poids de son héritage. Issu d’une famille riche et puissante, il doit réaliser un beau mariage et avoir des enfants dans le but de préserver la lignée. Entre obligation, raison et passion, il est compliqué de construire sa vie et de faire les bons choix. Malheureusement, cet avenir tout tracé ne pourra être mis à exécution et c’est avec le poids de la culpabilité que Kenji devra désormais vivre.

Ce tome est fort car il nous démontre de l’importance de vivre pour soi, d’assumer sa vie et ses choix afin de pouvoir se libérer de toutes les contraintes extérieures. L’auteure tente ici de nous présenter un aspect plus social de la vie familiale. Le Japon étant très ancré dans les traditions, il nous est présenté le rôle d’un héritier et de sa place au sein de sa famille, mais également au sein de la société entière. La plume de Aki Shimazaki, nous dresse le portrait d’un enfant qui devient un homme et pour se faire devra élever sa place dans la société même si pour cela il doit se lever face aux choix de ses parents.

Avec un aspect plus social, l’auteure dresse le portrait de ces japonais qui ont encore à trouver leurs places entre les traditions familiales et la modernité de leur pays.

Tome 5 : Hotaru

hotaru - Aki ShimazakiLa boucle est bouclée, on termine cette magnifique saga, comme emportée par le poids des secrets.

Cette magnifique histoire familiale nous a été contée avec tellement de finesse et de douceur que l’on est touché par toutes ces tromperies. Chaque personnage rencontré apporte son lot de mensonge, de secret mais également de force. Chacun a son secret qu’il garde précieusement, un secret qu’il ne veut pas dévoiler même si cela doit le consumer. Mais cette saga c’est également l’histoire d’une vie de famille. Un récit imparfait, mais à l’image de notre société et de ces habitants.

A travers la guerre, les crimes ou encore les bombes, on réalise que chacun vit avec ses propres horreurs ancrées en chacun de nous. Mais ce roman est également plein d’espoirs et de lumière, car tout y est amené de manière subtile. Le poids des secrets, la force des gens pour se reconstruire, les contraintes d’un pays et d’une société mouvante, tout est relaté pour nous présenter des choix de vie.

L’auteure nous parle des horreurs de la guerre, de l’abandon, du rejet, des meurtres, de tous ces sujets durs qui font partis de nous, de notre histoire. Et pourtant, c’est avant tout une épopée familiale. Tout au long de ces tomes on ressent la force de ces personnages. Leurs secrets les construit et les rend plus fort pour continuer à vivre, mais on perçoit également le fardeau que comporte chacun de leurs mensonges.

Toute la saga m’a transportée dans un Japon d’avant et d’après guerre, avec ses contraintes et ses évolutions. On se balade le long de l’histoire pour trouver une résonance dans chacun des personnages. Les guerres et autres désastres ont affaiblit le Japon, mais c’est également dans ces malheurs que le pays à puiser sa force pour se redresser.

Dans cette saga, on ne nous dit pas tout, beaucoup d’éléments sont tu et c’est au lecteur de faire un travail d’imagination pour combler ces blancs. Ce récit, ce conte, cette poésie est donc un magnifique hommage aux disparus de la guerre, à toutes les personnes qui ont du s’en sortir par n’importe quel moyen et enfin au pays tout entier.

***

Après ces divers tomes, je vous recommande vivement cette lecture. Si vous voulez retracer le siècle dernier de l’histoire du Japon à travers une saga familiale, ce texte est fait pour vous. J’attends vivement vos retours.

Sur ce lisez !

4 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. pepparshoes dit :

    Cette saga a l’air superbe ! J’aime beaucoup la culture japonaise, moi aussi, je vais donc peut-être me laissé tenter 🙂 Le premier est déjà dans ma WL en tous cas !

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    1. Si tu commences tu ne pourras plus t’arrêter !

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